L'histoire de la maison de Mac-Carthy38 a été pendant une suite de siècles si étroitement liée à celle
L'opinion des savants, soit irlandais, soit étrangers est très-divergente à l'égard de l'époque probable où l'Hibernie fut peuplée. Mais tous s'accordent sur les circonstances relatives à l'établissement dans ce pays de la puissance Scoto-Milésienne.39 Trois fils de Milead (dont le nom a été latinisé par Milesius), roi de Gallice, en Espagne, nommés Heber, Heremon et Ir, accompagnés de Lugad, leur cousin-germain, fils d'Ith, leur oncle paternel, abordèrent en Irlande plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, à la tête d'une nombreuse colonie. Après s'être mis en possession de l'île, eux ou leurs
Une loi fondamentale,46 qui par son esprit paraît remonter aux premiers temps de cette confédération, en fixant l'hérédité du pouvoir dans chaque race, l'avait en quelque sorte rendu électif quant aux individus. Cette loi, dite de tanistrie, ou de séniorat, appelait à la
La race hébérienne, et particulièrement la branche aînée de cette race, dite eugénienne, souche de la maison de Mac-Carthy, royale en Desmond et à Cork, comptait déjà, en 959, quarante-quatre rois provinciaux à partir d'Olioll-Flann-Môr, arrière petit fils d'Eogan-Môr (Eugène-le-Grand) surnommé Mogh-Nuadhad, qui régnait sur la Momonie et la moitié de l'Irlande vers la fin du 2e siècle, et périt à la bataille de Moylena en 192. Parmi cette longue suite de rois eugéniens, la plupart renommés par leurs qualités guerrières, Aongus ou Aeneas a laissé une mémoire vénérée des peuples de la Momonie par l'accueil généreux qu'il fit à saint Patrice, en 448, lors de son apostolat en Irlande, et par la ferveur qu'il mit à propager le christianisme dans son royaume et à fonder et doter richement les premier établissements
Une période remarquable dans l'histoire de cette maison fut celle de l'interruption pendant six siècles (315 à 959), au profit de la branche eugénienne, de la loi de tanistrie ou de succession alternative.48 Un
Cependant les événements qui devaient changer les destinées de l'Irlande portaient un coup funeste à l'existence politique de Mac-Carthy. Le belliqueux Dermod et son fils, Donall-Môr na-Curra Mac-Carthy, célèbre par ses fréquentes victoires sur les Anglais, continuérent à se maintenir dans le titre de rois de Desmond. Mais leurs successeurs, affaiblis par leurs divisions, durent abdiquer cette dignité suprême que douze siècles avaient transmise avec plus ou moins d'éclat à plus de 60 chefs de leur race. Du reste, les Mac-Carthy conservèrent la plénitude de leur indépendance et de leur pouvoir sur leurs sujets, jusqu'aux règnes d'Elisabeth et de Jacques Ier; et quoique dans leurs rapports avec la nation conquérante, ils n'eussent plus que le titre de princes, leur caractère entreprenant et leur nombreux vasselage ont donné souvent de vives inquiétudes aux Anglais. On les vit, indomptés jusqu'à la fin du 17e siècle, tenter
Dans la terrible guerre de 1599, le seule tribu des Mac-Carthy présentait un effectif de 3000 vassaux sous les armes,50 tribu formidable, disent les historiens, si elle n'eût été partagée par de funestes dissensions. (Histoire d'Irlande, par Leland, traduction française, t. IV, pag. 4, 26, 40, 58, 62, 366, 295, 311, 312).
Le titre de prince, conservé par les Mac-Carthy, et reconnu dans leurs traités avec le gouvernement britannique, était affecté aux héritiers des trois principales branches de cette maison, savoir: Celle de Mac-Carthy-Môr, souveraine dans le Desmond moderne et
La richesse territoriale que conservèrent les Mac-Carthy a long-temps rappelé le souvenir de leur grandeur originaire et de leur longue prospérité. Aussi voit-on à toutes les époques les plus illustres et les plus puissantes familles rechercher leur alliance et souvent recourir à leur appui. Comblés de tous les honneurs aux-quels
Pendant une longue suite de générations, la maison de Mac-Carthy a compté parmi ses auteurs nombre de princes dont la mémoire est restée célèbre, soit par l'éclat de leurs qualités guerrières, soit par la sagesse de leur gouvernement, ou par l'étendue de leurs lumières et de leurs vues politiques. C'est à partir de celte période qu'on voit le sang des Mac-Carthy se transmettre par leurs alliances à la presque totalité des maisons souveraines de l'Europe. Dans les siècles postérieurs, cette maison a donné des officiers généraux, un ambassadeur de premier ordre en la personne de Georges, lord Macartney, et plusieurs saints personnages qui ont marqué dans l'église par leur éminente piété et leur zèle tout apostolique. On cite, entre autres, Dermod Mac-Carthy, évêque de Cork, qui, sous le règne d'Elisabeth, travailla pendant vingt ans à maintenir la foi dans son diocèse (Histoire d'Irlande, par l'abbé Mac-Geoghegan, t. III, p. 564); et, à la même époque, un autre Dermod Mac-Carthy, simple prêtre, qui parvint à la gloire du martyre.52 Dans ces dernières
Les annales historiques et les poèmes nationaux de l'Irlande sont remplis de faits qui retracent, ainsi qu'une foule de monuments que le temps a respectés, la grande existence de cette maison. Parmi les sources anciennes et certaines où il est fait mention des Mac-Carthy d'une manière plus spéciale, on cite le Psautier de Cashel, commencé par Cormac Mac-Cullinan, archevêque de Cashel et roi des deux Momonies en l'an 901, et continué par d'autres annalistes; le poème d'ô Duvegan, historiographe fameux du onzième siècle, qui rapporte la succession des rois et dynastes provinciaux depuis l'établissement de la monarchie irlandaise; le Liber Breac, écrit par Mac-Egan, justicier héréditaire de la maison de Mac-Carthy, dans le douzième siècle; la Chronique des Scoto-Hiberniens, les Annales d'Innisfallen53 de
En donnant un article détaillé sur la maison de Mac-Carthy, à l'effet de constater l'état de ses diverses branches,
1. Eogan-Môr (Eugène-le-Grand), surnommé Mogh-Nuadhad, descendant d'Héber (fils aîné de Milead, ou Milesius, roi de Gallîce, succéda à son père Mogh-Niad (le Fort) dans la souveraineté de Momonie. Prince guerrier, il aspira à la monarchie de toute l'Irlande, et la disputa à Conn-ked-Cathadh (ou Conn des cent combats), le héros de l'Hibernie au deuxième siècle, et dont Mogh-Nuadhad se montra long-temps le plus redoutable adversaire. Mais vaincu après une lutte terrible et renversé de son trône, le roi de Momonie dut chercher un refuge en Espagne, patrie de ses pères, où il séjourna neuf ans. Ayant épousé Beara, fille d'Heberus, roi de Castille, il se vit bientôt en état de reconquérir sa couronne à la tête d une nombreuse armée que lui fournit son beau-père. Il reparut donc en Irlande, accompagné du prince Frôechus, son beau-frère, attaqua et défit dans dix batailles rangées Conn (Constantin), et le força à partager avec lui la monarchie hibernienne. Ses victoires lui valurent l'adjonction à ses états de toute la partie méridionale de l'Irlande;55 et
Dolus an virtus quis in hoste requirat?
Eugenium nimiùm securè lecto cubantem Gollus Mornoe filius, è Sambi 74 regis Connactiae semine, celebris pugil oppressit. Extant adhùc eo loco duo colles, quorum alter Eugenii, alter Froechi Hispani ibidem occisi, corpus sepultum traditur contexisse. ô Flaherty ajoute que Conn, délivré de son compétiteur, conserva sans partage le titre de monarque, et régna 20 ans dans une paix profonde.
2. OliollOlom, fils unique de Mogh-Nuadhad et de Beara, fille d'Heberus, roi de Castille, succéda à son père dans la souveraineté de Momonie. En 237, secondé par les trois fils de Cairbre, roi d'Hibernie, il leva une armée contre Nemethus, prince de Momonie, et contre Lugad-Mac-Conn, de la race d'Ith, et beau-fils d'Olioll-Olom. Dans une grande bataille qui se donna
3. Cormac-Cas, second fils d'Olioll-Olom, succéda à son père en 260, et fut souverain des deux Momonies et roi de Leath-Mogha ou de toute la partie méridionale de l'Irlande. Ce prince est cité comme l'un des trois champions les plus renommés qui aient existé en Irlande de son temps. Il obligea trente fois les îles britanniques lui donner des ôtages. La Momonie lui fut redevable d'un système de finances qui établit l'ordre le plus régulier dans les revenus de l'état, et garantit les peuples contre toutes malversations. Cormac épousa Samara, fille de Fion-Mac-Cumhall, célèbre général de la milice irlandaise, et forma l'illustre branche des Dal-Cais, souche des ô Brien, Mac-Mahon, Mac-Namara, ô Kennedy, etc. (Voyez le Livre de Momonie; le docteur Keating, pag. 234, 235; ô Flaherty, pag. 328, et Mac-Curtin, pag. 105.)
4. Fiacha-Mullethan (Fiachus-Latus-Vertex), fils unique d'Eogan-Caom, succéda à son oncle Cormac-Cas dans la souveraineté des deux Momonies, en vertu de la loi qui réglait la succession alternative. Il lut aussi le 5e roi de Leath-Mogha. En 270, Cormac-Ulfada, alors monarque d'Irlande, étant entré à main armée dans la Momonie, avec le dessein de forcer le roi à lui payer un tribut additionnel, Fiacha assembla à la bâte toutes ses forces, et marcha au monarque, qu'il rencontra à Cnoc-Luingé. Sa présence jeta une telle terreur dans l'armée ennemie, qu'elle tourna le dos et s'enfuit dans la Lagénie. Fiacha la poursuivit avec tant d'acharnement qu'il força le monarque à demander une capitulation. Le roi de Momonie y consentit, mais il fit remettre entre ses mains les principaux seigneurs de la cour de Cormac-Ulfada, pour demeurer en otages jusqu'à ce que leur souverain eût amplement compensé les dommages que son incursion avait causés aux sujets de la Momonie. Peu de temps après cet evénement, Fiacha fut assassiné par un prince de son sang, Conla, descendu de Cian, 3e fils d'Olioll-Olom, lorsqu'il se baignait dans la rivière Suire, à un lieu nommé Aith-Uisjoil. (Voyez Keating, pag. 263, 264, 265; ô Flaherty, pag. 235, 236, et les Annales d'Innisfallen.) Il laissa deux fils, Olioll-Flann-Môr et Olioll-Flann-Beg, dont nous parlerons ci après.
5. Mogh-Corb, fils de Cormac-Cas, succéda à Fiacha-Mullethan dans la souveraineté des deux Momonies, ainsi qu'à la couronne de Leath-Mogha. En 291 il s'unit à son oncle maternel Oisin, fils de Fion, et se mit avec lui à la tête de la milice de l'Irlande, révoltée des persécutions que lui faisaient souffrir Cairbre-Liffeachair
6. Olioll-Flann-Môr, fils aîné de Fiacha-Mullethan, succéda il Mogh-Corb et régna 17 ans sur les deux Momonies; se voyant mourir sans postérité, il adopta son frère Olioll-Flann-Beg, auquel il légua, par son testament, en 313, et son royaume et sa fortune particulière (Keating, pag. 265; ô Flaherty, pag 381). C'est de cette époque que date la suspension pour un long laps de temps, au préjudice de la branche dalcassien, de la loi de tanistrie ou de succession alternative.
7. Olioll-Flann-Beg, successeur d'Olioll-Flann-Môr, régna trente ans sur les deux Momonies et fut le 7e roi de Leath-Mogha. Il mourut en 343, laissant quatre fils:
1. Eochy ou Achaius, dont nous allons parler;
2. Daire-Cearb, 9e roi de Leath-Mogha, père de Fidach, onzième prince appelé à la même couronne, celui-ci père de Criomthan-Môr, monarque d'Irlande, en 366.56
3. Luigh ou Lugadius, père de Corc, duquel descend la branche royale de Mac-Carthy;57
4. Eogan, ancêtre de S. Evan, patron de la race eugénienne, lequel vivait au commencement du septième siècle.58
Voici ce que ô Flaherty a consigné dans les fastes de son Ogygia (pag. 381, 382), sur la postérité des quatre fils d'Olioll-Flann-Beg:
Crimthanni regis abavus Fiachus-Latus-Vertex rex Momoniae duos Olillos genuit, Flann-Môr et Flann-Beg cognominibus distinctos, Ollius-Flann-Môr rex Momoniae, sobolis expers, Olillum-Flann-Beg fratrem adoptavit. Olillo-Flann-Beg regi Momoniae supererant Achaius rex Momoniae, Darius-Kearb (ex quo ô Duvegan) Lugadius, et Eugenius,
8. Eochy ou Achaius, fils aîné d'Olioll-Flann-Beg, monta sur le trône dés deux Momonies en 343. (L' Ogygia ne fait point ici mention du règne de Fercorb, fils de Mogh-Corb, descendant de Cormac-Cas, quoiqu'il se trouve inséré à cette époque dans le Catalogue des rois de Momonie, par Philippe ô Sullivan.)
9. Corc; fils de Luigh ou Lugadius par sa première femme, petit-fils d'Olioll-Flann-Beg, se vit obligé dans sa jeunesse de se retirer secrètement en Ecosse, pour se dérober aux suites funestes de la passion désordonnée quo Daéla, sa belle-mère, avait conçue pour lui. Il épousa dans cette contrée Mongfionn, fille de Feradach, roi des Pictes, après la mort de laquelle il
De Mongfionn, première femme:
1. Maine Leamhna ou Maine de Lenox, qui s'établit en Ecosse et fut la tige des Môr-Mhaor-Leamhnas, nom équivalent à celui de Grands Stewarts de Lenox, qui ont ensuite été successivement créés comtes et ducs de Lenox; et ainsi du côté maternel il devint la souche des rois d'Ecosse et d'Angleterre du nom de Stuart;
2. Cairbre-Luachra, appelé aussi Cairbre-Cruithneach ou le Picte, dont descendent les familles d'Eoganaght-Loc-Len ou ô Moriarty, dans la Momonie, et d'Eoganaght-Muighe-Gherbhin, dans le comté de March en Ecosse;
3. Cronan, qui repassa en Hibernie à l'âge de trente ans, et qui par son mariage avec Cairea, fille de Laogaire-Mac-Nial, monarque d'Irlande, obtint dans le Meath occidental le territoire que, du nom de sa femme, on appella Cuirone, et qui forme aujourd'hui la baronnie de Kilkenny occidental, ou pays de Dillon;
De Bebhionn, seconde femme:
4. Nadfraoch, roi des deux Momonies, dont nous parlerons plus bas;
5. Cas, duquel sont descendus les ô Mahony, du comté de
ô Flaherty (pag. 382-385) parle en ces termes du roi Corc et de ses enfants: Corcus Olill-Flann-Beg ex Lugadio filio nepos rex Momoniae et regum Momoniae stirps, primus Casiliae regiam fixit in jam a Tiperariae comitatu. Corca-Eathrae dicitur regio in quâ sita est, quam Amergini fitii Milesii posteri olim tenebant à Tipraid-Farann, juxtà monasterium a Sanctae Crucis Huachter-Lamhann dictum ad Dunandreas, ad borealem partem de Knockgra-Fann in longum protensam. Daela filia Fiachrii Muschrigiae domini Corcum noverca deperiit: sed ad patris torum violandum omnes irritae erant illecebrae; quamobrem illa privignum in thalamo suo comprehensum vim sibi intulisse inclamavit. Unde Corcus a patre ablegatus in Albaniam contendit, ibique ex Feradachi Pictorum regis filiâ Mongfinnâ, quam duxit, tres filios suscepit, vid. Manium-Leamhna seu Levinium, a quo genus traxerunt prisci Levinae comites in Scotiâ; Carbreum Pictum, qui et Carbreus-Luachra nuncupatus, apud Luacariam Kierrigiae montem in Momoniâ nutritus, a quo Eoganact seu Eugeniae de Loch-Len, unde ô Murchetty satus in Momoniâ, et Eoganact de Moygerrginn in Marriâ Scotiae comitatu oriundi; et Cronanum qui in Hibemiam adveniens tricenarium, ubi Bruighin-Da-Chocca jacet, cum Carchiâ uxore obtinuit Cuircniam ab eâ nominatum, quae hodiè Kilkenniae baronia in Vestmidia est. Corcus patriam repetens Achaio patruo successit rex Momoniae, et ex Aeneae-Bolg Corcalaidiae principis filiâ Natfraichum et Cassium
10. Nadfraoch, fils de Corc, a tenu pendant 20 ans le sceptre de Momonie et fat aussi le 16e roi de Leath-Mogha (ô Halloran). II fut père de 1re Aongus, qui lui succéda; 2e d'Olioll, bisaïeul de Cuan, et celui-ci aïeul d'Edirsgeol, dont on parlera plus bas.
11. Aongus ou Aeneas fut le 1er roi chrétien de la Momonie et le 18e du Leath-Mogha, Au commencement de la 5e année du règne de Laogaire, monarque d'Irlande, c'est-à-dire en l'année 432, S. Patrice entrant dans la carrière apostolique, commença à introduire l'évangile dans cette contrée. Aongus, roi de Momonie, informé des premiers succès de cet apôtre, se rendit solennellement à sa rencontre, et l'ayant joint à Magh-Feimhin, il engagea le saint à venir faire sa résidence dans son palais royal de Cashel (448). Ce fut dans ce palais que S. Patrice instruisit Aongus des principes de la religion chrétienne, et qu'il l'admit à la communion
Voici ce qu'en dit Colgan in vita tripartitâ Sancti Patricii: Dum vero Momoniam proficisceretur (D. Patricius), venit obviam ei rex Momoniae Aongus, filius Nadfraoch, in campo Feimhin in terrâ Deisi, eumque duxit in civitatem regalem nomine Caisil quae est in regione Eoganacht, ibique credidit Aongus et baptisatus est, etc. Le même auteur fait mention d'un accident grave arrivé à ce prince pendant qu'il était devant les fonts baptismaux. Saint Patrice voulant fixer en terre son bâton pastoral, dont le bout, à cet effet, était armé d'un fer aigu, l'appuya violemment, mais par inadvertance, sur le pied du roi qu'il perça d'outre en outre. L'embarras du prince est facile à comprendre; mais ce qui paraît surprenant, c'est que, malgré la douleur excessive que devait lui causer la blessure, et nonobstant l'abondance du sang qui en sortait, ce néophyte couronné avait l'âme si remplie du respect que méritait la religion qui l'adoptait par le baptême; qu'il ne fit aucun mouvement pour changer sa situation pénible, jusqu'à ce que la solennité eut été accomplie. Cùmque sanctus Patricius regem stando benedixisset, cuspis basculi sancti fixa est in pede regis, etc. Le premier acte du roi de Momonie, après sa conversion, fut la construction de l'église de Cashel, consacrée par saint Patrice avec une grande pompe, et qui fut érigée en métropole du Leath-Mogha. Pour assurer à l'apôtre d'Irlande et à son clergé les moyens de s'entretenir d'une manière convenable, Aongus statua que chaque habitant des deux Momonies qui serait admis au baptême, paierait 3 sous par an au profit de l'église; mais peu de temps après, ce prince jugeant
12. et 13. Feidlim ou Felim et Eochy, les deux premiers, fils d'Aongus succédèrent à leur père et gouvernèrent en commun la souveraineté des deux Momonies.
14. Criomthan-Sreib, ou autrement Criomthan-Feimhin, fils d'Eochy et petit-fils d'Aongus, succéda à son père en 525, et fut le 4e roi chrétien des deux Momonies. Il fut tué l'an 551, dans la fameuse bataille de Feimhin, que, de concert avec son fils et successeur Cairbre-Crom, il avait livrée à Colman-Beg, fils de Dermod, monarque d'Irlande, dans laquelle Colman fut tué et vit massacrer la plus grande partie de son armée. (Voyez les Annales de Clonmacnoise et le docteur Keating, p. 568.)
15. Cairbre-Crom, qui reçut ce nom du lieu où il avait été élevé, et qu'on nommait Crom-Gluisse, recueillit avec la couronne tous les avantages de la victoire à Feimhin, dont on a parlé ci-dessus, et dans laquelle il fit briller une grande valeur. Ce prince fit don à S. Colman-Mac-Leinin et à son église du territoire de Clonuama (Cloyne), et mourut en 575, selon les Annales des Quatre Maîtres.
(Ici les Annales d'Innisfallen placent Aodh-Caom pour le premier prince chrétien de la branche dalcassienne qui soit monté sur le trône des deux Momonies, en ajoutant qu'il mourut en 601, fait qui n'est attesté par aucun historien ancien d'Irlande).
16. Aodh-Duff ou Aidos-Niger, fils de Criomthan, fils de Feidlim, fils d'Aongus, succéda à Cairbre-Crom et fut le 6e roi chrétien des deux Momonies. Il eut pour successeur:
17. Fergus-Scannal, 7e roi chrétien des deux Momonies, fils de Criomthan-Mac-Dearcon (surnom qui lui avait été donné en ajoutant à son nom celui de
18 et 19. Gabhban et Amalgad, tous deux fils du prince Eanda, fils d'Olioll, second fils de Nadfraoch, fils de Corc, ont tenu en commun le sceptre des deux Momonies.
20. Feidlim ou Felim y fils de Cairbre-Crom, devint, par la forme de succession établie, souverain des deux Momonies, et mourut en 590, suivant la Chronique des Scoto-Hiberniens.
21. Finghin, Fyneen ou Florence,60 fils d'Aodh-Duff ou Aidus Niger, monta, par droit de succession légale sur le trône des deux Momonies et fut le 22e roi de Leath-Mogha. Dans la première année de son règne, c'est-à-dire en 590, il assista, de même que tous les autres princes et chefs de la nation, au concile de Drom-ceat, convoqué par Aodh ou Aidus, monarque d'Irlande, de la maison d'I-Nial, et auquel se trouvait saint Columb-Kill, abbé de Hy ou d'Iona, en Ecosse. Finghin mourut en 619, selon les Annales d'Innisfallen, qui ajoutent qu'il régna conjointement avec son beau-père Aodh-Beannan, décédé la même année. (Voyez aussi le docteur Keating, p. 373, et l'Histoire d'Irlande de l'abbé Mac-Geoghegan, t. I, p. 300.)
22. Aodh-Beannan, second fils de Cormac, frère de Fergus-Scannal, n'était roi que de la Momonie occidentale, selon les Annales des Quatre Maîtres, qui
23. Cathal, fils d'Aodh-Flann-Catrach, fils de Caibre-Crom, régna 8 ans sur les deux Momonies et mourut en 626, selon la Chronique des Scoto-Hiberniens, ou en 627, après les Annales d'Innisfallen.61
24. Failbe-Flann (le Rouge), fils d'Aodh-Duff ou Aîdus Niger, et frère de Finghin, fut appelé à succession des deux Momonies et au trône de Leath-Mogha, dont il fut le 23e souverain. Ce prince mourut en 636, selon les Annales d'Innisfallen, ou en 637 suivant ô Flaherty (p. 424.)
25. Cuan, surnommé le Champion célèbre de Leath-Mogha, fils d'Amalgad, fut le 14e roi chrétien des deux Momonies et le 27e roi de Leath-Mogha. Keating (pp. 401, 406), le propose à tous les princes comme un modèle de magnificence et de charité, et dit qu'on le vit continuellement occupé à secourir les pauvres et les indigents, à répandre ses bienfaits sur les gens à talents de tous états et à exercer l'hospitalité envers les étrangers. En 648, à la tête des Eugéniens, il livra à Dermod, fils d'Aodh-Slaine, monarque d'Irlande, la mémorable bataille, de Carn-Conuill, dans
26. Maolduin, fils d'Aodh-Beannan, succéda à la souveraineté et fut le 15e roi chrétien des deux Momonies. Il tua en champ clos le fameux Comusgach, roi de Faly, et mourut en 662. (Histoire d'Irlande par Keating, p. 415)
La Chronique des Scoto-Hiberiens et les Annales d'Innisfallen mettent Congal, fils de Maolduin, au nombre des rois de Momonie, fixant sa mort, la première en 689, et les dernières en 690; mais le poème d'ô Duvegan n'en fait aucune mention. Il parait néanmoins que ce Congal partagea la souveraineté avec Fionngaine, fils de Cugan-Mathair, au commencement du règne de ce prince.
27. Maonach, fils de Finghin, succéda et fut le 16e roi chrétien des deux Momonies. Le docteur Keating (p. 407) le met au rang des saints, et d'accord avec la Chronique des Scoto-Hiberniens, il fixe à l'année 662 sa mort que les Annales d'Innisfallen mettent en 657. Il paraît que ce prince n'a régné que peu de mois.
28. Cugan-Mathair, fils de Cathal, fils d'Aodh-Flann-Catrach, étant monté sur le trône en vertu de la succession constitutionnelle, fut le 17e roi chrétien des deux Momonies. Il mourut en 666, selon la Chronique des Scoto-Hiberniens, dont la version doit être préférée à celles des Annales des Quatre Maîtres et des Annales d'Innisfallên, qui placent sa mort, les prémières, en 660, les secondes, en 662
29. Colgan, fils de Failbe-Flann, fut le 18e roi
30. Fionngaine, fils de Cugan-Mathair, succéda fut le 19e roi chrétien des deux Momonies. Il mourut en 697 suivant la Chronique Scoto-Hiberniens. Les Annales d'Innisfallen dévancent sa mort d'une année et lui donnent pour successeur son frère Olioll, sans faire mention d'Eidirsgeol, contrairement au poème d'ô Duvegan, qui parle du premier sans même donner le nom du second, quoiqu'il paraisse que les deux frères ont gouverné le royaume conjointement pendant les six dernières années de règne de Fionngaine.
31. Eidirsgeol, fils de Maolduba, et petit-fils de Cuan, fils d'Amalgad, succéda à la souveraineté et fut le 20e roi chrétien des deux Momonies, et le 29e roi de Leath-Mogha.
32. Cormac, fils d'Olioll, fils de Cugan-Mathair. 21e roi chrétien des deux Momonies, fut tué dans une bataille que lui avaient livrée les habitants de Desies, événement placé à l'année 712 par la Chronique des Scoto Hiberniens et les Annales d'Innisfallen et à l'année 710 par les Annales des Quatre Maîtres.
Les Annales de Tigernach ou de Clonmacnoise et la Chronique des Scoto-Hiberniens lui donnent pour collègue dans le gouvernement Cormac, fils de Maonach, dont elles rapportent la mort à l'année 711, quoiqu'ô Duvegan n'en fasse aucune mention.
33. Cathal-Gionach, fils de Fionugaine, et petit fils de Cugan-Mathair, succéda et fut le 22e roi
34. Tuathal, successeur de Cathal en 742, fut le 23e roi chrétien des deux Momonies.
35. Airtre, fils de Cathal-Gionach, succéda et
36. Feidlim, fils de Criomthan, fut légalement appelé à la couronne des deux Momonies en 820, selon les Annales d'Innisfallen. Il réunit à cette couronné celle de Leath-Mogha, dont il fut le 31e roi. Les Danois et les Normands, échappés à la défaite qu'Airtre leur fit essuyer, avaient emporté dans leur pays le souvenir de la richesse et de la fertilité du sol de l'Irlande. Ils ne tardèrent pas à faire de nouveaux préparatifs pour envahir ce pays. Ce fuit en 822 qu'une puissante flotte de ces barbares, partie des côtes de la Norwège, aborda sur celle de la Momonie. Leur présence fut aussitôt signalée par toutes les calamités que le fer et le feu peuvent commettre dans les mains d'une horde impitoyable, guidée moins par l'ambition de conquérir, que par
37. Otcobar, fils de Cionnfhadith, fils de Congal, fils de Maolduin, qui était fils d'Aodh-Beannan, quoique abbé et évêque de Jubhar ou Emly, sut par son caractère ambitieux et guerrier, fixer le choix des états de la nation pour succéder à Feidlim au trône des deux Momonies et à celui de Leath-Mogha. Sous son règne, Turgesius, prince de Norwège, qui pendant plusieurs années avait répandu la terreur par le funeste succès de ses expéditions, fit une nouvelle descente à la tête d'une armée formidable. Tous les corps partiels de Danois et de Normands qui se trouvaient dans l'île accoururent sous ses bannières et le saluèrent comme leur généralissime et leur roi. Les chefs et les princes d'Irlande durent songer à unir leurs forces contre leurs ennemis communs. Otcobar, impatient de réprimer les dévastations de ces barbares, en attaqua un corps nombreux près de Cashel, et le mit en fuite après lui avoir tué 500 hommes. De là voulant poursuivre sa victoire, il se pressa de joindre son armée à celle de Lorcan, fils de Ceallagh, roi de Lagénie, attaqua en 849 à Skiathne-Achtair, dans le Desies, une armée de Danois commandée par Tomar, prince héréditaire de Danemark, et la mit dans une déroute complète avec perte de 1200 hommes restés sur le champ de bataille, ainsi que leur chef, le prince Tomar. Otcobar lui-même périt dans le fort de cette glorieuse action, lorsqu'il passait de rang en rang pour soutenir, par son exemple, le courage des Eugéniens. (Annales d'Innisfallen; Keating, p. 431;
38. Algenan, fils de Dungaile, fils de Daolgus, fils de Nadfraoch, fils de Colgan, fils de Failbe-Flann, succéda au trône de Momonie dont il fut le 27e roi chrétien et mourut en 851, suivant les Annales des Quatre Maîtres.
39. Maolguala, fils de Dungaile, et frère d'Algenan, lai succéda, et fut le 28e roi chrétien deux Momonies. Sous le règne de ce prince, Maolseachlain, monarque d'Irlande, touché de la situation malheureuse dans laquelle se trouvait ce pays sous l'oppression tyrannique des Normands, convoqua une assemblée générale de la nation irlandaise à Rath-Aoda-Mac-Bric. Les princes, la noblesse et le peuple s'y rendirent de tous les points de l'île, pour délibérer sur les intérêts communs. Entre les résolutions qui furent arrêtées, on cite celle qui détermina Moalguala, roi de Momonie, et Carrol, roi d'Ossory, à faire la paix avec les princes de Leath-Cuinn, ou de la moitié septentrionale de l'Irlande, afin de s'unir à la cause nationale contre les barbares. Mais ces derniers, poussé parle désespoir, attaquèrent inopinément le roi de Momonie, et l'ayant fait prisonnier ils le lapidèrent impitoyablement. (Voyez Keating, p. 443; les Annales des Quatre Maîtres rapportent à l'année 857 cet événement que les Annales d'Innisfallen placent en 859.)
40. Ceanfaola ô Maolguala, fils de Mochtighernan, fut le roi chrétien des deux Momonies, et le 33e souverain de Leath-Mogha. En 860 il assembla
41. Donchad ou Donogh, fils de Dubhdabhorean, parvint à la couronne des deux Momonies immédiatement après la mort de Ceanfaola; et par le secours de Cearbhall, à la tête des troupes d'Ossory, il envahit la Connacie, en réduisit les peuples à l'obéissance, et revint dans ses états avec un butin considérable. Il mourut en 888 après un règne de 16 ans. (Annales d'Innisfallen.)
42. Dublachtna, fils de Maolguala, succéda à la souveraineté des deux Momonies, dont il fut le 31e roi chrétien, et fut aussi le 35e roi de Leath-Mogha. (Annales d'Innisfallen.)
43. Fionngaine, surnommé Cinegan, fils de Gorman, fut le 32e roi chrétien des deux Momonies et le 36e roi de Leath Mogha. Les Annales des Quatres-Maîtres disent qu'il fut assassiné par Ceilliochair, son frère, en 897. Celles d'Innisfallen attribuent sa mort à une sédition de ses propres sujets en 902. Enfin une troisième version qui parait plus accréditée porte qu'il fut déposé en 901.
44. Cormac-Mac-Cullinan, archevêque de Cashel et roi des deux Momonies, naquit en 837, sous
Il prétendait que la Lagénie, comme partie intégrante de Leath-Mogha, devait être soumise à un tribut ou rente dominiale, droit, disait-il, qui résultait de la division le tout le royaume, laite entre Mogh-Nuadhad et Conn. Le prélat voyant que son immense crédit sur l'esprit du roi allait échouer contre l'injustice de cette prétention, appela à l'opinion de tous les princes et grands du royaume dont il se disait l'organe, et qui s'étaient ralliés à son avis. Malgré son extrême répugnance, Cormac voyant toute sa cour convaincue de l'équité de cette révendication, leva une nombreuse armée composée de l'élite des troupes provinciales et fit tous les préparatifs nécessaires pour assurer le succès de ce projet. Dès qu'il eut reçu de sa noblesse et de son armée l'assurance de vaincre ou de mourir pour soutenir le droit de la nation, ce prince, préoccupé, sans en être alarmé, de l'idée qu'il ne reviendrait pas de cette expédition, envoya à Comgol, son confesseur, personnage de beaucoup de jugement et d'une dévotion exemplaire, l'ordre de se rendre auprès de lui pour le reconcilier avec Dieu. Ensuite ayant fait son testament, dans lequel on trouva plusieurs riches donations en faveur des maisons religieuses, au commencement d'août 908, toujours accompagné de l'abbé d'Innis-Gatha, il s'avança avec son armée vers les frontières de la Lagénie. Avant de les franchir, il envoya à Carrol, fils de Muiregan, roi de cette province, un héraut chargé de lui faire part du motif de sa présence et de réclamer le tribut annuel qu'il regardait comme un droit attaché à sa couronne, la Lagénie faisant partie du Leath-Mogha. Carrol, informé du projet des Eugéniens, s'était ligué secrètement avec Flann-Sionna, monarque d'Irlande, le roi de Connacie et la tribu d'I-Nial, qui, tous brûlaient du désir de se
45. Lorcan, fils de Conlegan, succéda, en 908, à Cormac, fils de Cullinan, et fut le 34e roi chrétien des deux Momonies, qu'il gouverna pendant six ans. Les écrivains qui ont traité de la race dalcassienne assurent que ce Lorcan en descendait, comme fils de Lachtna. Mais ô Duvegan, dans son Catalogue des souverains, le fait membre de la branche eugénienne, et fils de Conlegan. Il est vrai que le docteur Keating (p. 452), avance que Cormac, présageant que la bataille de Bealach-Mughna lui serait fatale, fit divers réglements pour assurer la tranquillité intérieure de la Momonie, et entre autres fixa l'ordre de succession à suivre après sa mort: qu'à cet effet il envoya un exprès à Lorcan, fils de Lachtna, roi de Thomond ou de la Momonie septentrionale, pour l'inviter à se rendre à son camp, avant qu'il sortît des frontières de ses états pour conduire ses troupes à l'ennemi; que de prince ayant consenti à se rendre à cette invitation, Cormac, aussitôt son arrivée, assembla le conseil des grands de la nation et des chefs de l'armée, tous de la race eugénienne, et leur déclara, en leur présentant le prince de Thomond, que pour prévenir toute dissension funeste à sa mort, il appelait è recueillir le sceptre de Momonie Lorcan, à qui ce droit appartenait incontestablement, selon la loi de succession alternative établie anciennement par Olioll-Olom, en faveur de la postérité de ses deux fils, Eogan-Caom
46. Flaithertach, fils d'Ionmhuinen, abbé et évêque d'Innis-Catha, succéda à la couronne des deux Momonies en 914 selon la Chronique des Scoto-Hiberniens.
A la mort de Lorcan, il fut tiré de sa retraite et placé sur le trône. Il n'y démentit point l'heureux retour qui s'était opéré en lui-même, et sut se concilier l'affection de ses sujets, tant par ses qualités privées que par celles qui constituent les grands rois. Les actions de sa vie sont détaillées dans un très-ancien traité de Cluain-Aidnach-Fiontan en Leix, dans lequel toutes les particularités de la bataille de Bealach-Mughna sont rapportées de la manière la plus circonstanciée par le célèbre Dallan, historiographe de Carrol, roi de Lagénie. On ajoutera à ces faits tirés du docteur Keating (pp. 461, 462), que Flahertach mourut en 944, selon les Annales des Scoto-Hiberniens et celles d'Innisfallen.
47. Ceallachan, fils de Buadachan, plus communément connu dans l'histoire sous le nom de Callaghan-Cashel
Les deux partis en vinrent aux mains à Magh-Duiné. La victoire, long-temps incertaine, se décida après une action des plus sanglantes, en faveur de Callaghan. Celui ci, rafermi sur son trône, tourna ses armes contre les Danois
En premier lieu, Keating prétend que Kinnedy, fils de Lorcan, prince d'un crédit puissant dans le pays, no fut pas plutôt informé de la mort de Flathertach, qu'il convoqua les états de toute la province à Gleannamhuin (aujourd'hui Glanworth), dans le comté de Cork, pour y déclarer et faire reconnaître son droits ou trône des deux Momonies. La mère de Callaghan, sans se laisser intimider, entra dans cette auguste assemblée et fit, en présence de Kinnody, un exposé si clair et si pathétique de la justice de l'élévation de son fils à la couronne de Cashel, fondée incontestablement sur l'ordre de succession alternative, anciennement établi par Olioll-Olom que le prince de Thomond, ajoute Keating, eut la générosité de se soumettre à ces raisons et de renoncer à ses prétentions par déférence pour cette princesse, respectable par son grand âge.
Voici le second fait avancé par Keating: Callaghan ayant reçu de Sitric, fils de de Turgesius, tyran danois, l'invitation perfide de se rendre à Dublin, sous la promesse de lui donner en mariage Bevionne, sa soeur, ne fut pas plutôt arrivé au rendez-vous, accompagné de Donchuan, fils de Kinnedy, que le traître Sitric les fit charger de chaines et les envoya à Ardmagh pour en disposer selon ses vues sanguinaires. L'historien ajoute que Kinnedy, aux soins duquel Callaghan avait confié
Tel est le précis des anecdotes rapportées par Keating, et dont les invraisemblances ont été signalées par Vallencey, et par le docteur ô Brien, en 1770. La plus frappante est la légèreté avec laquelle on suppose que Callaghan aurait quitté ses états pour se rendre à Dublin sur une simple promesse de mariage avec la soeur de Sitric, laquelle devait être âgée de près d'un siècle à l'époque où l'on place cet événement, puisque Turgesius, son père, avait péri dès 845.63 Néanmoins ô Halloran, historien estimé, qui a écrit postérieurement au docteur ô Brien, et qui par conséquent pouvait profiter de sa critique, a remis ces anecdotes au jour, en en rectifiant les détails d'après d'anciens manuscrits.
48. Maolfoghartaigh, successeur de Callaghan au trône des deux Momonies en fut le roi chrétien et mourut en 957. (Voyez les Annales d'Innisfallen.)
49. Dubhdabhoireann, fils de Donall 38e roi chrétien des deux Momonies, remporte une grande victoire sur les Danois aux bains de Mone-Môr, et fut tué par les habitants d'Hy-Liathan, sujets de la branche eugénienne, et par conséquent vassaux de sa couronne. Les Annales d'Innisfallen datent cet événement de l'année 959, version préférable à celle des Annales des Quatre-Maîtres qui le rapportent à l'an 957.
50. Feargradh, Fils d'Algenan, monta sur le trône et fut le 39e roi chrétien des deux Momonies et en même temps le 39e roi de Leath-Mogha. Il est expressément dit dans le catalogue des rois de Cashel, inséré dans l'ouvrage connu sous le titre de Livre de Momoniè, que ce souverain fut tué, en 960, par Maolmuadh, prince eugénien, fils de Broin, chef des ô Mahony.
51. Mahon, fils de Kinnedy, roi de Thomond, fut le 1er prince de la maison Dal-Cais, qui en succédant à la couronne des deux Momonies, interrompit la longue succession des princes de la branche eugénienne qui sans discontinuité avait fourni 44 rois. Mahon réunit aussi sur sa tête la couronne de Leath-Mogha, dont il fut le 40e roi. Ce prince fut assassiné de sang-froid par le même Maolmuadh, en 915, après un règne glorieux de 16 ans, auquel se rapporte l'entière expulsion des Danois du Leath-Mogha. (Chronique des Scoto-Hiberniens et Annales d'Innisfallen.)
52. Maolmuadh, fils de Broin, était le prince de la branche eugénienne le plus puissant et le plus ambitieux. Parvenu au comble de ses voeux par l'assassinat
53. Brian Boruma ou des Tributs, troisième fils de Kinnedy, roi de Thomond, monta sur la trône des deux Momonies en 978, et devint monarque d'Irlande. L'histoire le rappelle comme l'un des plus grands hommes qui aient gouverné l'Hibernie. Ce furent les glorieux travaux de ce prince qui assurèrent à sa postérité le sceptre des deux Momonies, dont elle a joui par exclusion presqu'entière de la branche eugénienne, représentée par la maison de Mac-Carthy, jusqu'à l'invasion anglaise. Brian-Boruma, âgé de 89 ans, fut tué au sein de la plus mémorable victoire qui eut été gagnée sur toutes les forces des Danois unies, dans la plaine de Clontarf, près de Dublin, le vendredi saint, 23 avril de l'an 1014. Les dépouilles de ce roi aussi vénéré par ses vertus qu'admiré par ses qualités guerrières, furent transportées avec grande pompe à Ardmagh, et solennellement enterrées au côté septentrional de l'église cathédrale, dans un monument de marbre orné de sculptures. (Annales d'Innisfallen et toutes les histoires d'Irlande.) Moréri, édition de 1759, t. VIII, pp. 8, 9,
54. et 55. Taig et Donogh ô Brien, fils de Brian-Boruma, succédèrent à leur père, sous le titre de co-regents des deux Momonies. Mais Taig ayant été trahi et tué en 1023, par les perfides insinuations de son frère, celui-ci se trouva seul roi du Leath-Mogha. Il y joignit bientôt le titre de monarque de toute l'Irlande. Cette prospérité ont un terme. Turlogh ô Brien, son neveu, prit les armes contre lui et vengea la mort de son père on détrônant Donogh, en 1o64, selon les Annales d'Innisfallen, de Tigernach et la Chronique des Scoto-Hiberniens. Donogh, humilié dans son orgueil et troublé dans sa conscience, alla solliciter à Rome l'absolution de ses crimes. Il fit présent au pape de sa couronne d'or massif et des autres ornements précieux de sa royauté, présent que les souverains pontifes regardèrent plus tard comme une donation qu'il leur avait faite de son royaume. C'est sur ce fondement qu'un siècle plus tard, Nicolas Brakspear, Angluis de naissance, qui tenait le siège de Rome sous le nom d'Adrien IV, se crut en droit de conférer l'Irlande à Henri II, roi d'Angleterre.
56. Turlogh ô Brien I, fils de Taig et petit-fils de Brian-Boruma, fut proclamé roi des deux Momonies en 1064. Peu après il fut élu monarque de toute l'Irlande. Il mourut dans son palais de Ceann-Cora, en 1086, et fut enterré en grande pompe dans l'église de Killaloe (Annales d'Innisfallen, de Tigernach et Chronique des Scoto-Hiberniens.) Ce monarque avait toujours été lié d'une étroite amitié avec Guillaume-le-Roux, roi d'Angleterre, auquel il avait fait présent
57. Muireartach ou Mortogh-Môr ô Brien, successeur de Turlogh, son père, fut le 50e roi chrétien des deux Momonies et le dernier monarque d'Irlande de la famille hébérienne. Après un règne glorieux, s'apercevant que son corps et son esprit s'allaiblissaient également, résolu de consacrer le reste de ses jours à la vie religieuse, il abdiqua la couronne de Moinonie, en 1116, en faveur de Dermod ô Brien son plus jeune frère, et mourut à Lismore, en 1119, dans les exercices d'une profonde piété. Son corps fut inhumé dans l'église de Kilialoe. La mémoire de ce prince ne fut pas moins honorée pour son courage et la sagesse de sa politique. Saint Anselme, archevêque de Cantorbery, lui écrivait ainsi; Muredaco glorioso et magnifico Hiberniae régi salutem cum orationibus, etc. Il fut la souche illustre des Mac-Mahon, princes de Corcabaskin dans la province de Thomond.
58. Dermod ô Brien, troisième fils de Turlogh, fut proclamé roi des deux Momonies immédiatement après l'abdication de son frère Mortogh. Il mourut en 1120 après quatre ans de règne. (Voyez les Annales d'Innisfallen, le Continuateur des Annales de Tigernach et la Chronique de Scoto-Hiberniens.)
59. Connor-Na-Catharach ô Brien, connu également sous le nom de Slaparsalach (robe souillée), fils de Dermod et son successeur, jouit paisiblement de la couronne des deux Momonies jusqu'en 1134. À cette époque, Cormac Muithamnagh Mac-Carthy, roi de Desmond ou de la Momonie méridionale, se prévalut du droit que lui donnait la loi de succession alternative, prit les armes contre Connor, et se fit reconnaître, en 1136, roi des deux Momonies. Mais après deux ans de règne, ce prince eugénien fut assassiné par Dermod-Sugach ô Connor-Kerry, poussé à cette action barbare par Turlogh ô Brien, frère cadet de Connor-na-Catharach. Ce dernier, remis en possession du trône des deux Momonies, en jouit jusqu'à sa mort arrivée en 1142. Ce fut ce prince qui fonda l'abbaye irlandaise de Saint-Pierre de Ratisbonne, en Allemagne.
60. Cormac Muithamnagh Mac-Carthy, dont on a parlé dans l'article qui précède, fut le 53e roi chrétien des deux Momonies.
61, 62. Turlogh ô Brien II, second fils de Dermod, succéda à son frère Connor et jouit pendant neuf ans, sans rivalité, de la souveraineté des deux Momonies. Mais à partir de l'année 1151, Taig Mac-Carthy fut admis à partager le gouvernement et à exercer la royauté en commun avec loi. Cette société dura l'espace de quatre ans. Taig étant mort on 1155, l'administration suprême demeura sans partage à Turlogh ô Brien. Cependant bientôt après, ce dernier, cédant aux instances de Turlogh ô Conor, roi de Connacie, et de Dermod Mac Morogh, roi de Lagénie, partagea de nouveau la royauté avec Dermod-Môr Mac Carthy, roi
63. Dermod-Môr Mac-Carthy, resté seul roi des deux Momonies, eut constamment les armes à la main contre Donall-Môr ô Brien, fils de Turlogh, qui lui putait cette couronne. Ce fut à la laveur de ces funestes dissensions, qui durèrent jusqu'à la mort de Dermod, en 1185, que les Anglais parvinrent à subjuguer, partie de l'Irlande. Nous reviendrons plus bas avec plus de détails sur Dermod-Môr, chef de l'illustre maison de Mac-Carthy.
64. Donall-Môr ô Brien, fils de Turlogh, jouit pair siblement, à partir de l'année 1185, de la petite portion de puissance qu'il lui était possible d'exercer sur toute la Momonie, et mourut en 1194. Ce prince fut le dernier roi des deux Momonies, dont les Anglais achevèrent successivement la conquête. Son corps fut solennellement enterré dans l'église de Killaloe.