Corpus of Electronic Texts Edition
Une version irlandaise du Dialogue du Corps et l'Âme (Author: [unknown])

section 4

Réponse du Corps

Le corps répondit à l'âme par des paroles lamentables et voici ce qu'il dit: 'ô cher ami maintenant nos crimes sont mis en présence de Dieu et du monde et devant notre seigneur


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Jésus-Christ parce que après qu'il nous eût rachetés cher et avec des peines indicibles, nous avons laissé perdre le prix du sang et de la chair et gratis pour peu de bien et pour le plaisir mondain qui dure peu; et pour payer cela nous sommes maintenant à brûler en compagnie l'un de l'autre [voués] aux peines éternelles et durable par la justice de Dieu; nous n'avons pas commis le même crime tous deux pour la raison que c'était toi qui devais bien gouverner la vie et pour cela il est plus juste de t'imposer la sentence la plus lourde et la plus dure, car il est possible de le prouver par une foule de raisons; s'il t'était agréable d'adorer parfaitement Dieu illustre et tout puissant, et de ne pas rendre au monde ni au corps sur le conseil du diable l'honneur [dû à] Dieu mais l'aimer d'un amour craintif, sûr, filial, par dessus toute créature, il nous arriverait du bien encore; si tu te faisais juste et équitable entre le puissant et le pauvre et [s'il t'arrivait] de ne pas poser ta forte main lourdement sur le faible, mais de faire la charité aux endettés pour Dieu et protéger les orphelins et les veuves et ne pas commettre de manquement à l'égard de l'église, on nous ferait à la fin miséricorde; en troisième lieu, si tu évitais la mauvaise compagnie des gens méchants, corrompus

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et maudits qui se tournent vers tout mal sans conscience, jouant, commettant l'adultère, se vengeant par trahison, commettant l'homicide, rongeant et critiquant les autres personnes, faisant de grands serments, insultant Dieu et les saints par des parjures, par blasphème par des testaments diaboliques, déréglés nous ne serions pas damnés ainsi à jamais et la vanité n'eût pas pris chacun de nous; maintenant il m'est arrivé d'être lié et marié avec toi dans notre vie et j'ai eu part à tes avantages terrestres et à tes plaisirs mondains; mais il est vrai que le bien ne se perd pas et que le mal [ne reste pas] sans vengeance, mais voici pour ta malice mon salaire que tu vois maintenant devant toi, et les membres où nous avons fait les fautes qui sont à toi, se remplissent de putréfaction, de corruption, et une mauvaise odeur s'en exhale; de la vermine, des vers, des reptiles, des serpents venimeux et les démons de l'air passent par la clavicule de ma poitrine et de mes oreilles, par la fenêtre de mes sens, et par la demeure de mon sein, et pire que cela est la résidence mince, étroite, où je suis serré fortement et enfermé seul jusqu'au jour du Jugement Dernier. Hélas, hélas, ils me tourmenteront souvent sans pitié et ce n'est rien encore. Je sais que je ressusciterai un jour en ta compagnie, mais hélas ce n'est pas là un changement excellent de la tombe à la montagne de Sion et de là aux feux de la fournaise de l'enfer, lieu où nous serons pour notre châtiment pendant que Dieu sera à jouir de la gloire; de la mort à la mort qui est venue par dessus toute la terreur, de vie en vie, de peine en pénitence, sans fin, sans terme. C'est triste d'aller à la mort à chaque moment sans qu'il soit en notre pouvoir d'aller au néant mais être sans fin, sans terme, vivant éternellement de crainte! O chrétien de mon cœur, que ces paroles te

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donnent de la crainte et repens-toi, comprends bien ces vers, qui sont devant toi:
    1. bois desséché, os du corps,
      couverture fausse de chair, mon membre
      terre sans fruit, argile du corps,
      je suis terre et une âme dedans;
      la terre de mon ami plus que la terre d'un autre
      je ne la connais pas dans la tombe;
      ici il est dans ma main et je ne le connais pas
      [l']os de celui que je connaissais.