Corpus of Electronic Texts Edition
Une version irlandaise du Dialogue du Corps et l'Âme (Author: [unknown])

section 3

Réponse de l'Âme au Corps

‘Je ne te quitterai pas encore’ dit l'esprit ‘mais je me tiendrai devant toi et j'essaierai de rétorquer ton injuste plaidoyer’ et voici ce qu'il dit: 'ô chair mince, creuse, misérable, pauvre petite, pauvre bouche-bée, petit sac hideux et sale, et ô carcasse corrompue, maudite, ô vieille sotte dissolue, scandaleuse, folle, vaine, impudente, affligeante, ô mauvaise conseillère, qui t'a appris à me parler si aigrement? comprends bien (quoique tu parles beaucoup de la vérité sans essayer de la dire) que lorsque je désirais mettre un frein aux mauvaises passions par des peines corporelles: la misère, la soif, le jeûne, les pèlerinages, les longues veilles, le mauvais lit, les pensées pieuses et les prières, c'était alors que la vanité du monde commençait à t'apparaître comme un joyau merveilleux, en sorte qu'elle a attiré à elle complètement la force de tes sens et de façon que tu as abandonné toute action bonne et toute mouvement de conscience et l'enseignement de la prédication que tu as reçue autrefois de Dieu, éteignant la lumière de l'intelligence, mangeant, buvant, t'enivrant, enfreignant les commandements, évitant la vertu, parlant avec légèreté, donnant leur plaisir aux sens du corps sans cesse jusqu'à que les brandons et l'épouvante de la mort t'aient pris dans les filets damnés du vieux péché, jusqu'à ce que tu sois tombé


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tout d'un coup dans ce lit de douleur où tu es, du milieu du plaisir et de la richesse, et sans rien de ce que tu as possédé, sauf le seul linceul; maintenant, il est vrai que c'était à moi à te gouverner loin de l'orage et de la faiblesse et de l'iniquité de cette vie, car c'est moi qui avais la suprématie sur toi; cependant puisque tu m'as corrompu par d'agréables séductions mondaines en te rendant un hommage fragile et caduc, je te dis en vérité que c'était toi la grande cause des maux pour nous. Mais désormais nous ne pourrons plus faire pénitence.' Après que le corps eut compris que le discours de l'esprit était juste, il cria et hurla pleurant et déplorant ses fautes et il se mit à crier vers sa mère Eve et dit:
    1. Elle ne sut pas payer entièrement l'amende;
      c'est malheureux pour moi qu'elle ne leur soit pas
      une femme qui alla à travers un verger [restée (?)
      m'enleva mon âme pour une pomme.